Review Royal Rumble 2025

Une reine, et le fou du roi

2/2/20259 min read

@WWE

« It looked like a wave of stars falling on you »

La WWE n'efface pas l'une de ses règles que nous vivons au quotidien: l'attente mesure ou non la satisfaction. Rarement nous avons vu autant d'attente pour un Royal Rumble, et il faut avoir l'honnêteté d'admettre que la construction de tels matchs est compliqué tellement il y a de facteurs à prendre en compte. Nous regardons tous ces matchs à la recherche des moments, de surprises, de ce que le catch est capable de faire, véhiculer des émotions. Royal Rumble 2025 ne restera peut-être pas celui gravé dans nos esprits quand nous repensons au Royal Rumble, mais il n'a pas loupé de transmettre des émotions, et de nous surprendre.

ROYAL RUMBLE FEMININ

Ce Royal Rumble féminin était peut-être l'un des plus enthousiasmants, et pour cause, regardez les ingrédients: le retour de la reine, une profondeur de roster (à NXT ou dans le roster principal) exceptionnelle, des retours que nous pouvions attendre (Alexa Bliss, Becky Lynch, Jade Cargill), autant d'éléments pour nous procurer des émotions. Le début de ce match a été à l'image du reste de l'affrontement entre ces 29 femmes, dans l'attente de la première émotion, et au final on ne retiendra de ce Rumble que la touche de déception quand on y repense.

Commençons par ce qui nous a fait sourire, et qu'on soit fan ou non d'Alexa Bliss, son retour et la ferveur l'accompagnant nous a donné envie d'en voir plus. Mais l'élimination rapide de l'ancienne championne du monde nous a vite fait comprendre que l'espoir ne serait pas synonyme de ce Royal Rumble. Le rôle de Chelsea Green a été très bien exploité pendant le temps qu'est resté l'actuelle championne des Etats-Unis, bien que, à l'image d'autres moments du match avec d'autres compétitrices, donner du temps pour vendre des coups n'a pas été une priorité. L'importance de vendre dans ce genre de match permet d'ajouter de la crédibilité et du mérite aux participants, ne pas l'exploiter c'est de semer le doute sur l'utilité de chaque coup que nous voyons (à quoi bon frapper si ça ne sert à rien ?). L'exploitation de Jordynne Grace, doté d'un charisme et d'une aura naturelle, donne l'occasion à chacune de ces adversaires d'instantanément gagner notre curiosité. 

Malheureusement, on s'arrête déjà là, passons aux points qui, avec le recul facile d'avoir vu le match au complet, paraissent comme décevants. Les incohérences des comportements lors du Royal Rumble match nous sort de son aspect imprévisible et palpitant, pour nous rappeler que c'est scénarisé, à l'image des dominations du PFC (Sonya Deville, Zoey Stark, Shayna Baszler) ou des championnes par équipe (Naomi et Bianca Belair), qui n'en profitent pas (ajouté au coups et prises qui ne sont pas vendus assez longtemps). Le match a également souffert d'un manque de momentum, probablement lié au faible nombre d'éliminations. Ce dernier s'explique par l'envie (apparemment) de créer un moment avec une élimination sur plusieurs lutteuses en même temps de Nia Jax. Un instant qui n'aura même pas suscité autant de réaction que les Backstages auraient pu concevoir, et dont on aurait préféré la création de momentum quitte à mettre de côté l'aura et l'over d'une ou l'autre lutteuse. Si nous parlons de Nia Jax, cela fait une 4e participation où elle arrive au-delà de la 29e place (3x 29, 1x 30), donnant l'impression de protéger une lutteuse que nous présentons pourtant comme ultra dangereuse. Et malgré tout le mérite qu'elle a pour s'améliorer, nous pouvons aisément voir quelques lacunes l'empêchant de remplir toutes les cases d'un tel rôle. 

D'autres points peuvent amener à débat, à l'image de l'entrée de Charlotte Flair qui, malgré son palmarès, arrive en 27e position ce qui n'a pas aidé à la construire comme la femme méritant ce Rumble. Une absence de Jade Cargill de l'équation, bien qu'il n'est pas encore possible aujourd'hui d'en déceler la raison (réelle blessure ?), son entrée pouvait être attendue pour créer un moment, et nous faire prêter attention à chaque détails de ses interactions avec les autres lutteuses pour déceler sa potentielle assaillante. Au même titre que l'absence de l'irlandaise Becky Lynch, si elle ne participe pas à cette confrontation, alors même si son retour arrive d'ici peu, nous aurons du mal à comprendre pourquoi elle rechercherait le titre mondial. La championne Intercontinental Lyra Valkyria n'aura donc pas rencontré son mentor, de toute façon elle a subi une élimination plus que rapide. Si cela permettra de créer du challenge autour de son titre, cela peut décevoir de voir une nouvelle championne ne pas avoir une exposition plus importante pour permettre de crédibiliser son titre. Nous ne pourrons pas regretter le manque d'exposition de NXT (Roxanne Perez, Jaden Parker, Giulia, Stephanie Vaquer, Lash Legend), d'un public pas tant réceptif que cela aux face-à-face suggérés, pas à la hauteur du talent du vivier actuel de NXT. 

En conclusion, mise à part le retour d'Alexa Bliss et l'ajout d'une ligne au palmarès pour la vainqueur finale, Charlotte Flair, nous sommes en droit de nous demander ce que nous retiendrons de ce Royal Rumble. 

DIY v. MCMG pour les WWE Tag Team Championship dans un Best of 2 out of 3 Falls Count

Au début de ce match, nous pouvions n'avoir aucun doute que la qualité du catch présenté sur le ring allait allumer un public qui aurait été acquis à la cause des 4 compétiteurs. La stipulation Best of 2 out of 3 Falls (il faut deux tombés pour remporter le match) nous promettait du temps pour les deux équipes, néanmoins le début semble précipité avec un premier tombé qui est arrivé rapidement, ne suscitant d'ailleurs aucune réaction du public. Nous aurions pu attendre un combat d'endurance entre deux superbes équipes, quitte à avoir un final un peu discutable- nous nous retrouvons avec l'intervention des Street Profits (dont on peut questionner la cohérence ?) pour semer un KO dans l'objectif de confronter eux-mêmes les actuels champions. Le match aurait pu être la présentation de l'avenir de la qualité sur un ring du catch par équipe, il n'a été qu'un catalyseur pour le scénario du futur des titres par équipe de SmackDown. 

En revanche, nous ne pourrons rien reprocher à la qualité proposée des deux équipes, ou même à l'intention de créer une division par équipe entourée de nombreux challengers (Legado del Fantasma, Pretty Deadly, Street Profits, voir Tama Tonga et Jacob Fatu ou Tonga Loa), prometteur à quelques semaines de WrestleMania, et pour l'année 2025.

★★

CODY RHODES v. KEVIN OWENS pour le WWE Undisputed Championship dans un Ladders Match

Evidemment, peu sont ceux qui ont commencé ce match avec le doute du vainqueur dans leur esprit (et si vous en faîtes parti, c'est l'idéal pour vous). La qualité proposé par les protagonistes suffit à nous donner une confrontation qui rend une copie parfaite de ce qu'elle promettait: un combat, sans pitié, sans limite, pour la conquête du titre suprême de la WWE. Nous aurions pu avoir la crainte de voir ce face à face personnel tout autant qu'ambitieux, bousculé par de l'over booking avec les ombres de Sami Zayn et de Randy Orton qui planaient sur ce match. L'intervention du québécois et ami de Kevin Owens, n'a pas eu de conséquence sur le match, mais en aura peut-être pour l'un des prochains chapitres du règne de Cody Rhodes. Et comme pour chaque histoire, nous ne verrons que dans les futures semaines et futurs mois le fruit qui germera des graines semées par ce match. 

★★★★

ROYAL RUMBLE MATCH MASCULIN

L'arrivée de la WWE sur Netflix semblait être la pierre fondatrice d'une WWE qui rentre dans une nouvelle ère, globale. Et avec tous les yeux rivés sur eux, la compagnie aurait pu sortir de sa proche les cartes de la célébrité, de la popularité, de la facilité. Cependant, elle a choisi de prendre le chemin de ce qui l'avait aidé à bâtir jusque là: la constance, et l'écriture.

Il est très difficile d'admettre aujourd'hui où placer ce Royal Rumble dans l'échelle de ce type de match, telle une carte de restaurant d'un soir où le choix serait grand, certains de ces plats resteront dans les mémoires, et certains n'auront même pas le temps de passer sur nos papilles gustatives. Un casting cinq étoiles dont le centre des intrigues pourrait se retrouver avec le 16e entrant, Roman Reigns. Synonyme d'un Rumble où les 15 premiers participants n'était pas les têtes d'affiches promises (une coïncidence, qui au lieu de nous faire vivre l'instant, nous pousse à nous questionner sur la construction d'un tel match). Et les forces en présence étaient tellement nombreuses, que pour chaque nouvelle entrée nous n'aurions même pas eu à se battre, mais juste à contempler. A chaque moment de creux nous aurions pu avoir un échange de regard symbolique, ou plein de promesse. Nous en avons eu assez pour quitter les lieux le ventre plein, le moment le plus marquant étant probablement le trio CM Punk, John Cena et Roman Reigns, juste avant l'entrée de Seth Rollins. Ou encore dès le début de ce match, entre la légende Rey Mysterio et le nouvel arrivant Penta. D'autres n'ont peut-être pas été exploités à la hauteur de leurs possibilités (par exemple, John Cena et AJ Styles), et d'autres n'ont pas semblé à la hauteur des tensions promises lors de la construction de l'évènement. Certains de ces rendez-vous annoncés n'ont pas eu l'effet escompté (Drew McIntyre et Roman Reigns ont-ils échangé tant que cela de l'animosité ?).

Un tel match ne doit être, ni facile à écrire, ni facile à exécuter, ni même encore facile à produire. Netflix a plongé la WWE dans une nouvelle ère de production et de réalisation, qui a eu du mal à se ressentir lors de l'évènement. Peut-être faudra-t-il un peu de temps pour que la WWE nourrissent des idées pour proposer un visuel innovant au Rumble. Certains lutteurs pourront revenir la semaine prochaine la tête haute: Jacob Fatu, qui juste avec un regard échangé avec n'importe quel autre des 29 participants, ajoute une tension supplémentaire. Même si son momentum n'a mené qu'à une élimination par Braun Strowman. L'Intercontinental Champion, Bron Breakker, contrairement à l'United States Champion Shinsuke Nakamura (qui aurait pu laisser sa place), se nourrira d'un échantillon de ce qu'une future confrontation avec Roman Reigns apportera, un impact immédiat (à l'image de ce qu'il propose à chaque fois qu'il est sur le ring), et d'une élimination marquante de l'influenceur IShowSpeed. Au titre des invités, le nouvellement TNA World Heavyweight Champion Joe Hendry nous a fait acte de sa présence, un assez court instant, populaire, amusant, mais rapidement éteint une fois qu'il est sur le ring. 

Et parfois, au Rumble, quoi qu'il se passe pendant près d'une heure, il peut y avoir un moment qui définit le match et le fait rentrer dans la sphère de l'exceptionnel. Cela peut être une arrivée surprise (John Cena en 2008), une élimination exceptionnel (Drew McIntyre élimine Brock Lesnar en 2020), ici, ce sera la triple élimination en quelques instants de Seth Rollins, Roman Reigns et CM Punk, suivit d'un affrontement entre les trois, mêlant haine et intensité, semant peut-être des graines pour la route de WrestleMania, et nous laissant avec un trio inédit que peu de monde aurait pu prévoir pour la victoire finale: Jey Uso, John Cena et Logan Paul. La WWE a souvent eu tendance à créer une heat que le babyface et futur vainqueur du Rumble élimine quelqu'un que nous ne voulons pas voir gagner, et nous pousser à élever la voix; et avec le vainqueur choisi, il n'y avait besoin de personne pour pousser les bras de 64 000 personnes présentes à se lever, à se baisser, à se lever, à se baisser. Qui aurait pu prédire une victoire d'un top vendeur, d'un performer, de quelqu'un qui fait bouger toute une foule comme si c'était une vague ? 

Logan Paul avait alors le rôle parfait de celui qui nous permettrait de s'exclamer à la victoire de Cena, mais, d'un bel effet de réalisation, et une intelligence sur le ring de Jey Uso qui sortira alors l'un des immenses favoris du match, ajoutant à John Cena un nouvel obstacle et du relief dans sa quête au 17e mondial. Jey Uso, vainqueur de cette édition 2025, n'a jamais concrétisé une occasion de devenir l'un des champions majeurs de la WWE. A WrestleMania, peut-être qu'une de ces étoiles tombées sur lui a fini par exaucer son vœu, et lui a donné rendez-vous avec un destin à qui il aurait fallu dire « you have not been written, yeet ».

★★★

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